15/02/2020
Réflexion poétique du jour
Faut-il attendre le seuil du troisième âge pour qu’enfin s’ouvre la porte de l’harmonie…
Le silence de la nuit perle ses gouttes de rosée, la brume enveloppe de son velours les arbres, buissons et maux. Les astres scintillent dans la profondeur du ciel ; s’invitent alors les songes, tel un nuage de pensées saupoudré de la nostalgie du temps écoulé.
Comme une fleur éclose, le cœur parfume l’âme, goutte à goutte perce son mystère, devient ami-confident du présent ; un voyage suspendu à l’émotion des silences nocturnes baignés de souffre.
Le chemin de la pensée se liquéfie, devient ruisseau et suinte à l’intérieur du corps, caresse les veines palpitantes des souffrances passées, pénètre chaque membre et membrane ; atteint chaque cellule, chaque fibre sensible de l’existence jusqu’à rejoindre le jardin secret du cœur ; forteresse inaccessible à la lumière du jour.
Les émotions chavirent la barque instable. Ressurgissent les vagues de la souffrance, blessures de la vie, fragilité constante de l’émoi. L’absence d’amour dresse le désert intérieur ; vide abyssal devenu si profond, si intense.
L’enveloppe charnelle devient feuille tremblotante au souffle de l’émoi, frissonne, se glace et fond à la vue de la beauté de cet obscur lumineux.
La quête du bonheur, de la joie de vivre, lorsque le cœur de plomb s’est momifié, peine à crier son désarroi, à exprimer son appel au bonheur, à la joie de la vie.
Dualité- miroir d’un « Je » et d’un « moi » balancier.
Princesse du soleil et prince des ténèbres, comment parviendrez-vous à vous donner la main pour cheminer ensemble sans rompre la corde du lien intrinsèque que sont vos âmes si différentes, pour accorder vos vibrations intérieures dissonantes désaccordées par les expériences de la vie ?
Cette vie si courte, si belle, et pour laquelle vous passez sans même l’effleurer.
Sylvie Grich
12/02/2020
L’inspiration a besoin d’être nourri afin de se renouveler et de ne pas se retrouver en panne.
La page ou la toile blanche, tout le monde éprouve un jour ce sentiment de blocage, de vide.
Non, j’ai beau m’installer devant ma toile ou ma feuille : rien !
Alors comment recharger ses batteries ?
J’ai mis en place un petit rituel qui est celui du rendez-vous avec moi-même ainsi que quelques autres
ressources qui me sont devenues indispensables, mais aujourd’hui, je n’évoquerai que le rendez-vous
avec moi-même.
Alors c’est quoi, me direz-vous, ce rendez-vous avec soi-même ?
Et bien une fois par semaine, parfois deux, je pars, seule, sans téléphone, en terrain inconnu, de
préférence dans un endroit ou un quartier de la ville que je ne connais pas encore et je marche ou roule
en vélo. C’est selon l’humeur du moment et le temps...
L’autre jour, le vent soufflait légèrement et le soleil offrait une belle luminosité. Mon esprit, lui, était plutôt
brumeux et encombré d’une foule de réflexions qui se télescopaient dans ma tête.
Il me fallait sortir et fuir d’urgence cette grisaille intérieure avant qu’elle ne s’abatte de toute sa pesanteur
en moi.
Alors, sans réfléchir et sans plus attendre j’ai enfourché mon vélo et suis partie, au hasard, sans savoir
où j’allais me rendre. J’avais juste envie de voir de la verdure et de sentir le vent.
J’ai pédalé sans me préoccuper du temps, en suivant juste mes envies , à la découverte des beaux
chemins de campagne, suivant du regard les oiseaux venant se nicher à même le sol des champs, me
laissant glisser le long des pentes douces et infiniment longues des sentiers et savourant ce vent doux et
léger qui me caressait les joues.
Je me sentais déjà plus légère, même si mes cuisses, elles me disaient le contraire ; Les chemins
vallonnés, les sentiers cabossés, elles commençaient sérieusement à s’affermir à force de mouliner.
Soudain, mon esprit s’est recentré sur le réel, le soleil déclinait et il allait bientôt faire sombre. Par
réflexe, j’ai voulu regarder l’heure qu’affichait ma montre, mais, je ne l’avais pas mise au poignet !
Il me fallait penser au retour.
A force de pédaler sans repère aucun, à laisser mes yeux guider mon chemin, je me suis un peu,
beaucoup éloignée, je n’avais ni eau, ni pull, ni téléphone, ni équipement en cas de crevaison, ni carte
pour m’orienter. Là, je me suis dit que mes soixante printemps bien pesés n’avaient pas franchement
modifié mon esprit d’artiste vagabonde ni ma notion du temps. Quant à mon sens de l’orientation, il
n’apprécie ni le linéaire, ni le rectiligne, il est toujours aussi libre comme l’oiseau des champs.
C’est bien joli tout ça, mais qui dit pente dans un sens, dit côte dans l’autre sens et pour rentrer, je me
suis d’abord mise à repérer l’emplacement du soleil couchant puis, je me suis dit qu’il serait sans doute
préférable de me fier à mon instinct, lequel est déjà plus fiable que mon sens de l’orientation.
J’ai donc pédalé, mouliné, mes jambes avaient pris un bon rythme et s’étaient bien durcies. Rentrée au
bercail à la nuit tombée, j’étais vannée, mon estomac criait sa faim ; pour satisfaire mon corps, je lui
préparais des légumes en papillotes ; mes yeux, eux, papillonnaient à l’exquis souvenir tout frais de ces
merveilles que nous offre la nature ; quant à mon esprit, il frétillait, son imaginaire devenait fécond ; il me
fallait peindre ! C’est ainsi que naquit la série champêtre.
Faire le vide pour le remplir de nouveauté : c’est le secret du rendez-vous avec soi-même.
Ce besoin d’escapade, de liberté, de nouveautés sont depuis toujours ma nourriture, vous comprendrez donc,
je crois, pourquoi j’ai choisi le nom d’art libre vagabond pour mon site.
Image : Gerd Altmann de Pixabay
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