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Lettres d'archives personnelles entre Emile et Franz-

07/05/2023

Lettres d'archives personnelles entre Emile et Franz-

Il y eut la première
Il y eut la seconde
Il y eut de part et d’autre des frontières 
Des morts
Des résistants
Des familles brisées plongées dans la pauvreté
Des liens rompus
Mais aussi
Des liens solides lesquels au travers des épreuves
Ont perduré, se sont renforcés.

Il y a les grandes Histoires
Celles qui nous sont racontées dans les manuels 
Celles façonnées, souvent revues et corrigées au gré des décennies, mouvances et tendances des siècles ; 
Le délai de carence pour lever les secrets d’Etats étant de 50 ans en moyenne
L’Histoire refait son Histoire et s’adapte à la morale et aux nouvelles convenances du moment, révise la copie, dévoile de nouveaux faits, de nouvelles réalités.
Et puis, il y a les petites histoires
Ces petites histoires qui nous content une réalité 
Différente, plus profonde, car elles nous viennent de personnes plus ou moins proches
Ce sont ces petites histoires qui me touchent particulièrement et qui révèlent bien souvent toute la complexité des grandes Histoires


Mon grand-père maternel, Emile Bouchez, que je n’ai malheureusement connu, décédé d’une crise cardiaque en pleine rue laissant ainsi ma grand-mère seule à devoir s’occuper de ses deux filles et à pourvoir aux besoins élémentaires de survie de la famille ;
_ Avec la vente de l’étude de son mari elle reprendra et tiendra un hôtel-restaurant à Valenciennes, traversera la France en voiture en période d’occupation pour rejoindre la zone libre ; Une femme de caractère comme tant d’autres dont la capacité et la volonté de survivre et de s’en sortir étaient primordiales, pas d’autres choix possibles que de faire, d’agir, de résister, système - débrouille ! _

Il était lié d’amitiés avec un compatriote allemand, le lien initial fut le commerce mais ce lien devint un lien véritable d’amitié, d’échanges, une sorte de grande famille franco-allemande partageant joies, peines, évènements familiaux, évoquant les difficultés économiques, politiques, les restrictions et difficultés de la vie au cours de la guerre et des pénuries qui s’en suivirent, se soutenant l’une l’autre…
Chacun faisait l’effort d’écrire dans la langue de l’autre.
Un partage de vie similaire à en juger par ces échanges épistolaires transmis par ma tante, dont certaines correspondances ne parviendront jamais à son destinataire.
La guerre, la censure, le bouleversement des sociétés, un ensemble qui modifiera en profondeur ces liens, parfois de façon irréversible, de façon tragique !


Es gab die erste
Es gab die zweite
Es gab auf beiden Seiten der Grenzen 
Tote
Widerstandskämpfer
Zerbrochene Familien, die in die Armut gestürzt wurden
Zerbrochene Verbindungen
Aber auch
Starke Bindungen, die durch die Prüfungen hindurch
überdauert haben und stärker geworden sind.


Es gibt die großen Geschichten
Die, die uns in den Lehrbüchern erzählt werden. 
Die, die im Laufe der Jahrzehnte, Bewegungen und Tendenzen der Jahrhunderte geprägt, oft überarbeitet und korrigiert wurden; 
Da die Karenzzeit für die Aufhebung von Staatsgeheimnissen im Durchschnitt 50 Jahre beträgt.
Die Geschichte macht ihre Geschichte neu und passt sich der Moral und den neuen Anstandsregeln des Augenblicks an, überarbeitet die Kopie, enthüllt neue Fakten, neue Realitäten.
Und dann gibt es noch die kleinen Geschichten.
Diese kleinen Geschichten, die uns eine Realität vorgaukeln. 
Anders, tiefer, weil sie uns von mehr oder weniger nahestehenden Personen stammen.
Es sind diese kleinen Geschichten, die mich besonders berühren und die oft die ganze Komplexität der großen Geschichten offenbaren.


Mein Großvater mütterlicherseits, Emile Bouchez, den ich leider nie kennengelernt habe, starb auf offener Straße an einem Herzinfarkt und ließ meine Großmutter allein zurück, die sich um ihre beiden Töchter kümmern und für die Grundbedürfnisse der Familie sorgen musste;
Mit dem Verkauf der Kanzlei ihres Mannes übernahm und führte sie ein Hotel-Restaurant in Valenciennes und fuhr während der Besatzungszeit quer durch Frankreich, um in die freie Zone zu gelangen; eine Frau mit Charakter wie so viele andere, deren Fähigkeit und Wille, zu überleben und sich aus der Situation zu befreien, von größter Bedeutung war. _

Er war mit einem deutschen Landsmann befreundet, die anfängliche Verbindung war der Handel, aber diese Verbindung wurde zu einer echten Freundschaft, einem Austausch, einer Art großer deutsch-französischer Familie, die Freude, Leid und Familienereignisse teilte, über wirtschaftliche und politische Schwierigkeiten sprach, über die Einschränkungen und Schwierigkeiten des Lebens während des Krieges und der anschließenden Knappheit, und sich gegenseitig unterstützte...
Jeder bemühte sich, in der Sprache des anderen zu schreiben.
Ein ähnliches Leben, wenn man nach dem Briefwechsel urteilt, den meine Tante übermittelte und von dem einige Briefe nie ihren Empfänger erreichten.
Der Krieg, die Zensur, die Umwälzungen in den Gesellschaften - ein Komplex, der diese Verbindungen tiefgreifend verändert, manchmal unumkehrbar, auf tragische Weise! 

Les lettres issues d‘archives personnelles

 

Lettres issues d'archives personnelles

entre mon grand-père maternel

et un ami allemand Franz Merz

 

1920

 

        

 

 

Karlsruhe le 22.1 1920

 

Cher Monsieur Emile

C’est avec grand plaisir que j’ai reçu votre inestimable carte et je vous remercie très sincèrement. Je suis rentré de la guerre le 20 novembre 1918, en bonne santé. En ce qui concerne ma famille, tous sont aussi en bonne santé, les enfants sont devenus grands et vont maintenant tous les trois à l’école.
Tout est devenu tellement cher que nous ne pouvons presque plus rien nous procurer : 150 grammes de viande par tête et par semaine et 450 grammes de pain par semaine.4 livres de beurre et de matière grasse, voici ce que nous avons pour vivre, trop peu pour vivre, assez pour mourir !
C’est la même chose pour le travail, presque toutes les entreprises sont à l’arrêt en raison du manque de charbon.
Je dois vous exprimer ma profonde tristesse et vous présente mes condoléances suite au décès de votre bien aimé père. Il a toujours été très bon et très gentil pour nous et un protecteur pour notre famille, et toujours si vaillant.
[….]

 

1933

 

 

 

1934

 

 

   

 

 

Karlsruhe, le 3 mars 1934

 

Mon cher ami Emile !


Pardonne-moi de t’avoir fait attendre aussi longtemps avant de te répondre. Différents évènements sont à l’origine de ce retard, mais de cela nous en parlerons une prochaine fois.
Un an s’est écoulé depuis et nombres de choses chez nous ont bien changées, on peut même dire que tout a changé.
Les commerces et entreprises ont pris un nouvel essor, même chez nous cela va un peu mieux. 
A l’heure actuelle, il est bien difficile de développer une activité en import-export avec l’étranger. Je te remercie pour ta proposition. Tu écris que chez vous, les impôts manquent de clarté et sont galopants. Je peux te dire qu’il en est de même chez nous ces dernières années et que j’ai passé des journées entières au bureau à régler des questions d’impôts. Mais cela s’arrange, des améliorations sont en vue pour le printemps. Une harmonisation devrait suivre.
Je suis du même avis que toi, à savoir que la crise actuelle qui frappe le monde ne peut être endiguée que par une confiance mutuelle, réciproque et sur la base d’un commerce international.
Il faut avant tout et toujours miser sur la confiance et sur la volonté de paix de tous les peuples.
Ta photo de famille nous a vraiment fait très plaisir. Je suis particulièrement touché que ta mère se souvienne si bien encore de ma famille et qu’elle ait gardé en mémoire de si lointains souvenirs de ma famille et qui me font écho.
Tu sembles toi aussi avoir gardé d’intacts souvenirs puisque tu n’as pas oublié le nom de ma femme.
Comme il ne t’a pas été possible l’année dernière de prolonger ton séjour pour venir nous voir à Karlsruhe, j’espère vraiment que cette année cela te sera possible de nous rendre visite, car tu le sais, tu seras toujours le bienvenu chez nous.
Pour nous chaque étranger sera toujours un homme apprécié et bien venu/
Dès que les circonstances le permettront, je viendrai, moi aussi, vous rendre visite, à ta mère et à ta famille.
En attendant ce moment, je vous souhaite à vous tous une bonne continuation.
Souhaitons que la paix éternelle entre nos peuples fasse s’évanouir à jamais les souvenirs de cette période de guerre 
Ton ami
Franz Merz

 

 

 

Brouillon d'une réponse en allemand écrit par mon grand-père

 

 

 

 

Les guerres n’émanent pas de la volonté des peuples
Mais de celle des politiciens, des gouvernants, des politiques menées
Des conflits d’intérêts économiques, financiers, engendrés par ces politiques
Des conquêtes de territoires, de pouvoir de domination d’une poignée d’êtres sur l’autre
De querelles linguistiques et culturelles, d’ethnies dites inférieures sur d’autres dites supérieures
Des divisions imposées insidieusement par toutes ces déviances de querelles politiciennes et de systèmes de pensées cloisonnées et limitantes qui ne servent qu’à entretenir un esprit de lutte et ce à tous les niveaux où pouvoir rime avec égo dont bien trop souvent l’intérêt personnel prévaut au détriment de l’intérêt général.
Il y a des luttes à tous les niveaux et strates de nos sociétés
Des luttes de classes, de genres, de cultures, de couples, d’héritages, de pensées, etc.
Nos systèmes sont pensés ainsi et nous, citoyens, nous engouffrons sans beaucoup de recul dans ses systèmes qui divisent, incitent aux déchirements, à la haine et la violence, sans remettre fondamentalement en cause ces systèmes légitimés bien souvent aussi par la loi d’un point de vue juridique.

A quand une véritable révolution culturelle d’une pensée humaniste dans notre façon de concevoir la vie en société, entre les peuples, entre les êtres et tout ce qui constitue cet ensemble Terre ?!
A quand une véritable politique pour une paix véritable et durable ?


Kriege entstehen nicht aus dem Willen der Völker.
Sondern aus dem der Politiker, der Regierenden, der betriebenen Politik
Aus den wirtschaftlichen und finanziellen Interessenkonflikten, die durch diese Politik entstehen.
Eroberung von Territorien, Macht und Herrschaft einer Handvoll Menschen über die andere.
Sprachliche und kulturelle Streitigkeiten, sogenannte minderwertige Ethnien über sogenannte überlegene Ethnien
Spaltungen, die schleichend durch all diese Abweichungen von politischen Streitereien und begrenzenden, abgeschotteten Denksystemen erzwungen werden, die nur dazu dienen, den Kampfgeist aufrechtzuerhalten, und zwar auf allen Ebenen, wo sich Macht auf Ego reimt, bei dem allzu oft das persönliche Interesse auf Kosten des allgemeinen Interesses überwiegt.
Es gibt Kämpfe auf allen Ebenen und Schichten unserer Gesellschaften.
Kämpfe der Klassen, der Geschlechter, der Kulturen, der Paare, des Erbes, der Gedanken usw.
Unsere Systeme sind so gedacht und wir Bürger stürzen uns ohne viel Rücksicht auf Verluste in diese Systeme, die spalten, zu Zerwürfnissen, Hass und Gewalt anstacheln, ohne diese Systeme, die oft auch rechtlich legitimiert sind, grundlegend in Frage zu stellen.

Wann wird es eine echte Kulturrevolution geben, eine humanistische Denkweise in unserer Art, das Leben in der Gesellschaft, zwischen den Völkern, zwischen den Menschen und allem, was diese Erde ausmacht, zu begreifen?
Wann wird es eine echte Politik für einen echten und dauerhaften Frieden geben?

 

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