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Souvenirs - Mémoire

09/05/2021

Souvenirs  - Mémoire

 

 

SOUVENIRS - MÉMOIRE

 

Documents Familiaux

 

 

   

 

 

 

 

Mon père avait tout juste vingt ans quand il a dû rédiger et signer cette déclaration sur l'honneur attestant que ni lui, ni aucun des membres de sa famille ni aucun des membres de sa descendance, que ce soit du côté paternel ou du côté maternel, n'était d'origine juive.
 C'était demandé par le régime de Vichy
 
La loi du 3 octobre 1940 « portant statut des Juifs


appelée par les historiens « premier statut des Juifs », est un acte édicté par le régime de Vichy par lequel celui-ci donne une définition, à son sens légale, à l'expression « de race juive » qui sera employée durant l'Occupation pour la mise en œuvre dans le cadre de la Révolution nationale d'une politique corporatiste et « raciale » antisémite. Elle précise les professions désormais interdites aux personnes répondant aux critères édictés. 
Numérotée 28, elle précède d'un jour la « loi relative aux ressortissants étrangers de race juive » qui autorise et organise l'internement des Juifs étrangers et marque le début de la politique de collaboration du régime de Vichy à l'extermination des Juifs d'Europe. Ces deux « lois » sont parues simultanément au Journal officiel deux semaines plus tard, le 18 octobre 1940. 
« Loi » d'exception qui sera remplacée le 14 juin 1941 par le second statut des Juifs, elle usurpe le nom de loi en dépit des positions du Conseil d'État resté en place, le Parlement n'étant plus en fonction depuis le 11 juillet 1940. 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_portant_statut_des_Juifs

 
 
J'avais tout juste quinze ans quand j'ai escaladé les grilles du lycée pour participer à une manifestation.
Lorsque je suis rentrée chez moi, il m'a fallu faire signer le motif de l’absence aux cours que j'avais "séchés"!
Je m'attendais à un sermon
et
à ma grande surprise
il en fut tout autrement.
Un moment que je n'ai jamais oublié
 
Le regard de mon père s'est figé dans le lointain, comme plongé dans des souvenirs dont je ne pouvais soupçonner l'existence car toujours de silence ils sont restés durant sa vie, blottis dans son cœur mais vivant et vivace en son esprit.
Après un temps de silence, il a signé mon carnet et le justificatif d’absence que j'avais noté et m'a simplement dit : "Méfie-toi, méfie-toi des mouvements de masse !"
Son ton doux et douloureux à la fois m'a profondément marqué.
 
 
Cette période de guerre n'a été que peu évoquée au sein de la famille. Parfois, lors d'un repas, des anecdotes, des souvenirs, l'évocation des sirènes, de la fuite en zone libre de ma grand-mère maternelle avec ses deux filles, nous écoutions avec grand intérêt et émotion ces petites histoires imbriquées dans une autre histoire, celle de la guerre.
Il y avait comme une grande pudeur à ne pas tout dire, c'est du moins ce que j’ai ressenti.
Ce n'est qu'au décès de mes parents que nous avons découvert ces documents, soigneusement rangés dans une petite valise et classés dans des pochettes.
 
 
Pour se remémorer et ne pas oublier, il faut que la mémoire soit nourrie, qu'elle soit abreuvée par les souvenirs, la connaissance, la culture, les rencontres, qu'elle soit éclairée par la réflexion, qu'elle ne soit pas mémoire du passé mais mémoire active du présent. 
 
Dans cette période où tout et son contraire se dit, se déforme, pollue notre capacité à réfléchir.
Que penser, comment exprimer une pensée, une idée, une suggestion sans se faire incendier ?
Comment encore penser aujourd'hui, de façon objective, éclairée ?
 
Bien souvent je me demande à quoi sert notre mémoire et surtout ce qu'on en fait puisque
Toujours et toujours, les conflits, les guerres éclatent,
Toujours et encore les poètes écrivent et inscrivent cette mémoire
Toujours et encore détruire et reconstruire, faire table rase des erreurs du passé.
 
 
Je vous propose quelques citations et réflexions d’auteurs, poètes, philosophes qui, personnellement m'inspirent et me font réfléchir, ou tout au moins m'aide à cheminer dans cette période particulièrement bouleversée.
 
 
 G. Orwell dans une lettre du 5 décembre 1946.                 « La Ferme des animaux »
 
« Je voulais montrer que cette sorte de révolution - une révolution violente comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience d’être ivres de pouvoir – ne peut conduire qu’à un changement de maîtres. La morale selon moi est que les révolutions ne sont une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot » *   
 
Hannah Arendt entretien publié dans le New-Yorker en 1970. 
 
« Le plus radical des révolutionnaires deviendra un conservateur le jour d’après la révolution…
Les révolutionnaires sont ceux qui savent quand le pouvoir est à terre et quand il faut le ramasser. »* 
 
 
« Qu’est-ce que l’improbable ? 
   C’est ce qui n’est pas impossible, mais peut advenir de façon inattendue. » Edgar Morin
 
« Si tu ne cherches pas l’inespéré, tu ne le trouveras pas. »  Héraclite.
 
 
Mahmoud Darwich  -  une mémoire pour l’oubli.
 
« Je veux inventer
 Les mots qui feront de la langue l’acier de l’esprit.
Je veux chanter, inventer la langue qui me portera et que je porterai, qui témoignera et me prendra à témoin de cette force, en nous, capable de surmonter la solitude universelle".

 

« La réalité, tant qu’elle n’est pas consignée, n’est pas tout à fait réalité »
 
 Dialogues d’exilés de Brecht. 
 
« Kalle : Quand on parle tant de liberté, c’est louche. Une chose m’a frappé : la phrase « chez nous, tout le monde est libre » revient chaque fois que quelqu’un se plaint d’un manque de liberté. On lui lance tout de suite : « chez nous, règne la liberté d’opinion. Chacun peut avoir les convictions qu’il lui plaît. ». C’est exact, mais au fond c’est comme partout. La seule chose interdite, c’est de manifester ses convictions. Ça, c’est un délit. »


Edgar Morin  -  penser global 
 
« La voie nouvelle ou métamorphose
Je pense que le mot métamorphose est plus riche que le mot révolution. Le mot révolution dans son sens général, a été beaucoup galvaudé. Cependant il est sain qu’il y ait encore des révolutions dans différentes nations. Selon moi, la grande révolution, « du passé faisons table rase », a montré son échec dans l’Union soviétique ou en Chine. Elle a montré que sa violence engendrait une nouvelle violence. La métamorphose signifie qu’il n’y a pas rupture totale avec le passé : on utilise au contraire l’acquis culturel de l’histoire passée de l’humanité.
C’est le processus de transformation que nous connaissons très bien chez la chenille qui ; s’enfermant dans sa chrysalide, commence à s’autodétruire en tant que chenille, y compris en détruisant son système digestif, pour s’autoconstruire avec des ailes en tant que papillon. La chenille est devenue autre, à partir d’elle-même. »     
 « Il faut donc se demander ce que l’on gagne et ce que l’on perd dans ce qu’on appelle un progrès […] Nos progrès matériels provoquent la régression des convivialités, des relations humaines. »  
 
 
« À la liberté, l’homme industriel préfère désormais confort et sécurité, une aliénation de masse bien plus efficace que toutes les dictatures. »*  Stéphane Leménorel   - Poète et philosophe .
 
 
 
 
Sources et références d'ouvrages, à lire ou à découvrir :
 
 
     Théâtre
•    Dialogues d’exilés de Bertolt Brecht.  Ci-après un lien pour la description de la pièce de théâtre. 
 
https://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Dialogues-d-exiles/ensavoirplus/
 
     Roman
 
•     Une mémoire pour l'oubli de Mahmoud Darwich 
•    Le Pentateuque d' Angel Wagenstein    (difficile de se le procurer car il n'est plus édité)
•    Penser global d' Edgar Morin
•    In den Alpen d' Elfriede Jelinek - elle questionne la responsabilité de l'Autriche et surtout sa décharge de responsabilité revendiquée sous couvert de l'occupation
•    La philosophie n'est pas tout à fait innocente d'Hannah Arendt - Karl Jaspers
•    Le Liseur de Bernhard Schlink
•    Philosophie magazine Hors-série : George Orwell , ça nous regarde  paru ce mois ci
 
    Ouvrage - études
 
•    Nazisme et communismes deux régimes dans le siècle de Marc Ferro
•    Des Allemands contre le nazisme oppositions et résistances 1933 - 1945  (Albin Michel)
•    Le nazisme des origines à 1945  de Enrique Leon et Jean-Paul Scot  cursus histoire - Armand colin
•    Cinq mots forts de la propagande nazie de Ralph Keysers 
•    Nation, nationalités et nationalismes en Europe  P Cabanel - documents-Histoire - Ophrys
 
 
Deutsche Übersetzung :

 

 

Mein Vater war gerade zwanzig Jahre alt, als er diese Ehrenerklärung schreiben und unterschreiben musste, dass weder er, noch einer seiner Familienangehörigen, noch einer seiner Nachkommen, weder väterlicher- noch mütterlicherseits, jüdischer Herkunft waren.


 Dies wurde vom Vichy-Regime gefordert
 
Das Gesetz vom 3. Oktober 1940 "über den Status der Juden "*, von Historikern "der erste Status der Juden" genannt 
von Historikern "das erste Judenstatut" genannt, war ein vom Vichy-Regime erlassenes Gesetz, das den Ausdruck "der jüdischen Rasse" im juristischen Sinne definierte, der während der Okkupation zur Umsetzung einer antisemitisch-korporatistischen und "rassischen" Politik im Rahmen der Nationalen Revolution verwendet werden sollte. Es legt die Berufe fest, die fortan für Personen, die die festgelegten Kriterien erfüllen, verboten sind. 
Mit der Nummer 28 ging es dem "Gesetz über Ausländer jüdischer Rasse" um einen Tag voraus, das die Internierung ausländischer Juden erlaubte und organisierte und den Beginn der Politik der Kollaboration des Vichy-Regimes bei der Vernichtung der europäischen Juden markierte. Diese beiden "Gesetze" wurden zwei Wochen später, am 18. Oktober 1940, gleichzeitig im offiziellen Tagebuch veröffentlicht. 
Dieses Ausnahme-"Gesetz", das am 14. Juni 1941 durch das zweite Judenstatut ersetzt wurde, usurpierte den Namen des Gesetzes trotz der Stellungnahmen des Staatsrates, der im Amt geblieben war, da das Parlament seit dem 11. Juli 1940 nicht mehr im Amt war. 


https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_portant_statut_des_Juifs
 
 
Ich war gerade fünfzehn Jahre alt, als ich die Tore der Oberschule erklomm, um an einer Demonstration teilzunehmen.
Als ich nach Hause kam, musste ich den Grund für meine Abwesenheit von den Klassen, die ich "übersprungen" hatte, unterschreiben lassen!
Ich habe einen Vortrag erwartet
und
zu meiner großen Überraschung
war es ganz anders.
Ein Moment, den ich nie vergessen habe
 
Der Blick meines Vaters erstarrte in der Ferne, als sei er in Erinnerungen eingetaucht, von denen ich nicht ahnen konnte, dass es sie gab, denn sie blieben in seinem Leben immer stumm, eingebettet in seinem Herzen, aber lebendig und anschaulich in seinem Geist.
Nach einer Zeit des Schweigens unterschrieb er mein Notizbuch und die Begründung für meine Abwesenheit, die ich notiert hatte, und sagte nur: "Vorsicht, Vorsicht vor Massenbewegungen!"
Sein sanfter und doch schmerzhafter Ton machte einen tiefen Eindruck auf mich.
 
 
Diese Zeit des Krieges wurde in der Familie kaum erwähnt. Manchmal, während einer Mahlzeit, Anekdoten, Erinnerungen, die Beschwörung der Sirenen, die Flucht in die freie Zone meiner Großmutter mütterlicherseits mit ihren beiden Töchtern, wir hörten mit großem Interesse und Gefühl diesen kleinen Geschichten zu, die in eine andere Geschichte, die des Krieges, verwoben waren.
Es war eine große Bescheidenheit, nicht alles zu erzählen, zumindest habe ich das so empfunden.
Erst als meine Eltern starben, entdeckten wir diese Dokumente, sorgfältig in einem kleinen Koffer aufbewahrt und in Taschen geordnet.
 
 
Um sich zu erinnern und nicht zu vergessen, muss das Gedächtnis genährt werden, gefüttert durch Erinnerungen, Wissen, Kultur, Begegnungen, erhellt durch Reflexion, nicht eine Erinnerung an die Vergangenheit, sondern eine aktive Erinnerung an die Gegenwart. 
 
In dieser Zeit, in der alles und sein Gegenteil gesagt und verzerrt wird, verschmutzt unsere Fähigkeit zu denken.
Was soll man denken, wie drückt man einen Gedanken, eine Idee, eine Anregung aus, ohne in Brand gesetzt zu werden?
Wie können wir heute noch objektiv und aufgeklärt denken?
 
Ich frage mich oft, wozu unser Gedächtnis dient, und vor allem, was wir damit machen, denn
Immer und immer wieder kommt es zu Konflikten und Kriegen,
Immer wieder schreiben Dichter diese Erinnerung auf und schreiben sie ein
Immer und immer wieder zerstören und neu aufbauen, die Schiefertafel von vergangenen Fehlern abwischen
 
 
Ich biete Ihnen ein paar Zitate und Überlegungen von Autoren, Dichtern, Philosophen, die mich persönlich inspirieren und zum Nachdenken anregen, oder mir zumindest helfen, durch diese besonders unruhige Zeit zu gehen.
 
 
 G. Orwell in einem Brief vom 5. Dezember 1946.                 "Farm der Tiere".
 
"Ich wollte zeigen, dass diese Art von Revolution - eine gewaltsame Revolution als Verschwörung von Leuten, die sich nicht bewusst sind, dass sie von der Macht betrunken sind - nur zu einem Wechsel der Herren führen kann. Die Moral ist meiner Meinung nach, dass Revolutionen nur dann eine radikale Verbesserung sind, wenn die Massen wachsam sind und wissen, wie sie ihre Führer feuern können, sobald sie ihre Arbeit getan haben.   
 
Hannah Arendt-Interview, veröffentlicht im New Yorker 1970. 
 
"Der radikalste Revolutionär wird am Tag nach der Revolution zu einem Konservativen...
Revolutionäre sind diejenigen, die wissen, wann die Macht am Boden liegt und wann sie entfernt werden muss. "* 
 
 
"Was ist das Unwahrscheinliche? 
   Es ist das, was nicht unmöglich ist, aber unerwartet passieren kann. " Edgar Morin
 
"Wenn Sie nicht nach dem Unerwarteten suchen, werden Sie es nicht finden. " Heraklit.
 
 
Mahmoud Darwich - eine Erinnerung für die Vergessenen.


Ich möchte erfinden
 Die Worte, die aus der Sprache den Stahl des Geistes machen werden.
Ich möchte singen, die Sprache erfinden, die mich tragen wird und die ich tragen werde, die mich zum Zeugen dieser Kraft in uns machen wird, die fähig ist, die universelle Einsamkeit zu überwinden. "


"Die Wirklichkeit, solange sie nicht aufgezeichnet wird, ist nicht ganz Wirklichkeit"


 
 Brecht  - Flüchtlinge Gespräche 
 
"Kalle: Wenn Sie so viel von Freiheit reden, ist das verdächtig. Eines ist mir aufgefallen: Der Satz "hier ist jeder frei" kommt immer dann, wenn sich jemand über mangelnde Freiheit beschwert. Sie sagen sofort: "In unserem Land gibt es Meinungsfreiheit. Jeder kann die Überzeugungen haben, die er will. ". Das stimmt, aber im Grunde ist es wie überall sonst auch. Das einzige, was verboten ist, ist, seine Überzeugungen zu manifestieren. Das ist ein Verbrechen. "

 


Edgar Morin - global denken 
 
"Der neue Weg oder die Metamorphose


Ich denke, dass das Wort Metamorphose gehaltvoller ist als das Wort Revolution. Das Wort Revolution in seiner allgemeinen Bedeutung ist viel missbraucht worden. Es ist jedoch gesund, dass es immer noch Revolutionen in verschiedenen Nationen gibt. Meiner Meinung nach hat die große Revolution, "lasst uns reinen Tisch machen", ihr Scheitern in der Sowjetunion oder in China gezeigt. Sie hat gezeigt, dass ihre Gewalt neue Gewalt erzeugt. Metamorphose bedeutet, dass es keinen totalen Bruch mit der Vergangenheit gibt: Im Gegenteil, es wird auf die kulturellen Errungenschaften der vergangenen Menschheitsgeschichte zurückgegriffen.
Dies ist der Transformationsprozess, den wir sehr gut von der Raupe kennen, die, nachdem sie sich in ihre Puppe eingeschlossen hat, beginnt, sich als Raupe selbst zu zerstören, einschließlich der Zerstörung ihres Verdauungssystems, um sich als Schmetterling mit Flügeln selbst zu konstruieren. Die Raupe ist anders geworden, aus sich selbst heraus. "

    
 "Wir müssen uns also fragen, was wir gewinnen und was wir verlieren bei dem, was wir Fortschritt nennen [...] Unser materieller Fortschritt verursacht den Rückschritt der Geselligkeit, der menschlichen Beziehungen. "  
 
 
"Der Industriemensch zieht heute der Freiheit die Bequemlichkeit und Sicherheit vor, eine Massenentfremdung, die weit effektiver ist als jede Diktatur. " * Stéphane Leménorel - Dichter und Philosoph .
 
 

Siehe oben für die Referenzen.

 

S.GRICH  - Adagp
 
 

 

 

 

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